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manda au jeune homme de suivre avec une exactitude mathématique les prescriptions de son traitement, qui commencerait le lendemain matin, et, en se retirant, laissa Fernand sous le charme.

Ce n’était point là l’accueil qu’il était accoutumé de se voir faire à son arrivée dans les autres établissements. Dès leur première visite, les médecins l’abandonnaient à son malheureux sort, lui mentant avec brutalité, l’assurant que le temps suffirait à le guérir, lui recommandant des promenades qu’il était incapable de faire et des exercices auxquels se refusait son corps débile et épuisé. Puis, la saison passée à souffrir sans soulagement, on lui conseillait le séjour dans une autre station, où le même accueil lui était fait.

Mais voici qu’à Mondorf, le médecin paraissait vouloir adopter à son égard une tout autre ligne de conduite. Il lui faisait entrevoir une guérison prochaine, amenée par l’effet bienfaisant d’un traitement qui commençait le lendemain. Une révolution complète s’opéra à cette pensée dans l’esprit de Fernand. Alors qu’il était en proie, le matin même, au plus sombre désespoir, il se trouva tout ragaillardi, discutant avec lui-même les chances qu’il avait d’être rétabli complètement et sans délai. Il fit son examen de conscience, déclara que le mal dont il souffrait était, somme toute, peu douloureux et que, si l’on avait tant de peine à en triompher, c’est qu’il s’y mêlait une terrible dose d’abattement moral. À force de voir l’indifférence dont il était partout entouré, il était devenu indifférent lui-même, se laissant aller, abdiquant toute énergie, résigné à son misérable destin.

Or, tout cela allait finir. Puisque le docteur pro-