Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 282 —

bénir et de rendre féconde l’union dont on venait de sceller la promesse…

Et tout à coup, sous la vérandah du grand pavillon, l’orchestre du dimanche, qui venait de se mettre en place pour le dernier concert de la saison, enleva dans un large mouvement la première phrase de la grande Marche nuptiale de Mendelssohn.

Le lendemain matin, Marcelle proposa d’aller faire le dernier pèlerinage à la source. Tout le monde accepta, et quelques instants après, M. Dubreuil et ses enfants entraient dans le petit pavillon et choisissaient leurs verres. Florian, qui les avait suivis, regardait, en les attendant, l’eau bouillonner dans le trou carré du puits artésien. Le corps ployé en deux sur la balustrade, il réfléchissait, creusant le mystère de ces eaux vivifiantes qui apportent des entrailles du sol, la santé aux malades, aux incurables la guérison.

Il fut tout à coup interrompu par Marcelle, qui lui ordonna de goûter l’eau de Mondorf.

En goûter, lui, jamais ! Ah ! par exemple, le croyait-on malade et se figurait-on qu’il allait avaler dix gouttes seulement de cet écœurant breuvage ?…

— Mais non, bon ami, dit l’enfant, personne ne prétend que tu sois malade. Mais cela nous vexe de te voir mépriser cette eau excellente, et d’en faire fi alors que tous ici s’en régalent. Je veux que tu boives, moi, ou alors je ne t’aimerai plus…

Et elle mettait un verre plein entre les mains de Florian, que tout le monde encourageait à boire. Il y trempa les lèvres, stoïquement, réfrénant l’envie qui lui venait de crier : Pouah ! en faisant la