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à ce frère dont elle était la seule famille, et que la joie de retrouver sa sœur perdue venait de rejeter une fois encore sur son lit de souffrance ? Avait-il pensé seulement à la terrible colère qui l’aurait emporté, lui Dubreuil, si, Raymonde lui ayant été ravie à sa naissance, quelqu’un eût osé la lui disputer à l’heure où il la retrouvait ? Ah ! la situation était nettement établie. La précision des indications données par la Zanetta ne laissait point la place au moindre doute : il fallait rendre son nom et sa famille à l’enfant volée par la bohémienne.

— Courage, ami, disait Florian en prenant les mains de M. Dubreuil et en les serrant dans les siennes, courage ! Et laisse-moi te répéter cette parole, que tu m’as si souvent dite quand je me réfugiais auprès de toi à l’heure des découragements : Haut les cœurs !….

Puis il l’emmenait doucement, l’obligeait à marcher, à se mouvoir. Ils se promenaient ensemble de longues heures, songeant chacun de son côté, sans se rien dire, redoutant l’explosion qui suivrait la première parole échangée.

Cependant, M. Pauley n’avait point abandonné son ami en ces tristes circonstances : il venait le voir chaque jour, lui serrant silencieusement les mains, la discrétion l’empêchant de prolonger sa visite. Mais le samedi, comme il venait de quitter le docteur Petit qui l’assurait de l’entière guérison de Fernand, il demanda un entretien à l’ami de M. Dubreuil. Il emmena Florian dans le bosquet, et le fit asseoir sur ce même banc où, la semaine précédente, le docteur s’était heurté au refus obstiné du père de Raymonde.

Leur conférence fut longue, M. Pauley exposant