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XVIII


Durant trois jours, Fernand Darcier avait été en proie à une fièvre intense : le docteur Petit avait à peine quitté son chevet, le soignant avec un infatigable dévoûment, s’épuisant à le maintenir pendant les épouvantables accès d’hallucination qui le secouaient, à calmer les crises pénibles où le délire l’emportait comme dans la vision d’un redoutable cauchemar. C’était le fantôme de son aïeul, qui repassait devant lui, comme dans une course folle, poursuivi par la meute des bohémiens qui se hâtaient à la curée. C’était la Zanetta, fuyant dans la nuit, emportant dans ses bras l’enfant ravie à son maître, ou prosternée, les mains tendues, demandant grâce et pitié…

Le pauvre jeune homme, dans cette terrible lutte, s’épuisait : un moment même le bon docteur avait tremblé qu’un fatal dénoûment ne vînt annihiler les héroïques efforts que le succès avait une première fois récompensés. Mais dès la matinée du vendredi, cette crainte l’avait abandonné, et il répondait maintenant du jeune homme. L’accès avait été rude, mais la jeunesse de Fernand en triomphait pleinement, et dès le dimanche il pourrait descendre….

Pendant tout ce temps, on ne vivait plus chez