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des morts de la veille, occupant une place élevée dans le monde de la politique, des arts et des belles-lettres ; les caricatures topiques des journaux illustrés de l’étranger ; puis encore des croquis au crayon de la catastrophe survenue récemment dans un puits de charbonnage et de l’assassinat de la rue Montaigne ; des armes envoyées d’Afrique, en usage chez une peuplade cruelle que M. Stanley venait de réduire ; puis le cadre banal des photographies d’actrices et d’acteurs parisiens.

Sur le trottoir, en sortant de la salle des dépêches, M. Dubreuil trouva un de ses amis, chef de bureau du ministère des affaires étrangères, causant avec un inconnu qui portait le ruban d’un ordre étranger à la boutonnière de sa redingote.

— Mon cher Florian, dit M. Dubreuil en s’avançant vers son ami la main tendue, quel heureux hasard de te rencontrer ?

Puis, se tournant vers l’étranger, il le salua avec une exquise politesse.

L’ami Florian, un bon gros garçon dans lequel il était impossible de ne pas reconnaître, sous le vernis de l’homme du monde, la nature exubérante du paysan tourangeau, présenta ces messieurs l’un à l’autre :

— M. Dubreuil, député d’Indre-et-Loire… ses filles…

— M. Vanier, chargé d’affaires du Grand-Duché de Luxembourg près la République…

Le député tressauta, pendant que Raymonde et Marcelle chuchotaient.

— Ah ! par exemple, la coïncidence est assez singulière, dit-il, et le hasard qui me procure, Monsieur, l’honneur de faire votre connaissance, a