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traverser les provinces méridionales de la France et s’établissait à proximité d’un village des environs d’Epernay. Nous faisions le commerce de paniers, vendant à l’approche du soir, dans les localités avoisinantes, ceux que nous confectionnions dans la matinée. Cependant, le métier n’était pas lucratif et nos hommes, la nuit venue, profitant des renseignements que nous avions recueillis, s’introduisaient adroitement dans certaines maisons d’abord facile, où ils faisaient main-basse sur tout ce qui se trouvait à leur portée.

Or, un jour que nous étions allé offrir nos corbeilles aux habitants d’une jolie propriété, assise au milieu d’immenses vignobles, je quittai mes sœurs, au retour, pour aller marauder du raisin. Comme je me faufilais à travers les vignes, j’atteignis un bouquet d’arbres qui paraissait être le prolongement du parc attenant à la propriété, et qui masquait un fort joli pavillon de promenade. Me glissant avec précaution derrière les troncs d’arbres, je vis sur le seuil de la maisonnette deux vieux qui causaient. Je surpris leur conversation sans qu’ils s’en fussent doutés, et je rentrai au camp.

Cette nuit même, le propriétaire du château se proposait d’offrir à ses invités une fête splendide, qui devait se terminer par une promenade au pavillon que j’avais découvert et qui venait d’être aménagé en conséquence. Je fis part de ces circonstances au chef de la tribu, on réunit le conseil, et l’on décida qu’une expédition, qui ne pouvait manquer d’être fructueuse, serait tentée la nuit même. Les hommes seuls devaient y prendre part : toutefois, pour éviter le moindre contre-temps, je fus chargée de conduire la troupe par les chemins que j’avais suivis.