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La salle est spacieuse, comme vous avez vu ce matin.

Et pointant l’index dans la direction du monument :

— Ah ! dit-il, c’est bien heureux qu’on ait mené rapidement les travaux de restauration et d’agrandissement du palais. Car ce n’est que de l’été dernier que date cette entreprise. Naguère nous avions à cette place un bâtiment affreux, dans lequel tout le monde était à l’étroit, où le parquet pouvait à peine loger ses grimoires, où le public ne pouvait circuler sinon dans l’escalier accédant aux salles de l’étage, où l’appareil de la justice enfin ne pouvait apparaître qu’au grand dam de son prestige.

Cela durait depuis pas mal d’années, quand on s’avisa tout à coup qu’il fallait absolument changer cette situation. Notre directeur général, M. Pauley, s’empara de l’idée, la présenta, la fit accepter, selon son habitude, et obtint de la Chambre des députés les crédits nécessaires. Trois mois plus tard, la pioche des démolisseurs entamait l’horrible façade… et vous voyez par quel joli monument elle est aujourd’hui remplacée. Tous les services sont à l’aise, le parquet est installé dans de vastes bureaux, le public peut se promener et faire ses affaires dans la salle des pas perdus, la justice enfin est à même de rendre ses arrêts dans l’appareil imposant qui lui est nécessaire….

Et fière de sa période et de l’habile manière dont il avait fait ressortir le contraste du nouveau bâtiment et de l’ancien, le jeune avocat se rengorgea. Puis, tout à coup, il fit remarquer que l’on annonçait la réouverture des portes et prit l’avance pour conduire ces messieurs et ces demoiselles.