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toutes mes excuses, pour la façon peu convenable dont je vous ai quitté l’autre soir. La surexcitation nerveuse à laquelle j’étais en proie a pu seule me faire m’oublier à ce point. Veuillez aussi, je vous prie, dire à Mlle Dubreuil combien je regrette de n’avoir pas été agréé par elle, et l’assurer que je serai comblé si, à défaut de mon amour qu’elle ne peut accepter, elle daigne agréer l’assurance de mon amitié très dévouée…

Quand M. Dubreuil fut dehors, il sentit un immense soulagement. Allons ! tout cela s’arrangeait à merveille, et vraiment ce jeune homme excellait à prendre bien les choses. Quel désespoir, s’il s’était avisé de les prendre au tragique et de retomber malade ! M. Dubreuil ne se le fût jamais pardonné. Mais tout, au contraire, il s’était accommodé parfaitement de la réponse déplaisante faite à ses propositions, et parlait de ses chagrins intimes en homme absolument désintéressé. Cela pouvait paraître singulier, sans doute, mais cependant, qui songeait à s’en plaindre ? Au contraire, il fallait s’en féliciter.

Si M. Dubreuil toutefois, avait jamais fait une grossière erreur, c’était bien en ce moment où il se frottait les mains tandis qu’il reprenait le chemin de l’hôtel. Fernand, il est vrai, n’était point malade. Mais son cœur était profondément ulcéré, et la plaie qui s’y était ouverte serait longue à se guérir. Néanmoins il était doué d’une énergie de caractère indomptable. Il s’était juré de ne rien laisser paraître de son désespoir, et il était de trempe à se tenir parole. C’est ainsi que M. Dubreuil venait de prendre le change sur l’état de son âme.

Quand Fernand se retrouva seul, l’empire qu’il avait pris sur lui-même l’abandonna, et il retomba