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qu’elle n’existait plus sur la terre qu’à l’état de souvenir. L’amabilité si sincère et si bon enfant de M. le curé Fleury avait battu en brèche le préjugé secret qu’il nourrissait contre les calotins en général. Le pays était magnifique, la petite ville de Remich charmante, les chevaux et la voiture excellents…

— Et l’appétit d’un affamé quand on rentre, disait-il en se mettant à table, c’est simplement délicieux ! Quand je songe que j’ai traîné huit jours à Paris, m’ennuyant mortellement, sans savoir me décider à venir vous rejoindre ! Je ne me le pardonnerai jamais….

La journée du lendemain s’écoula aussi gaiement. M. Dubreuil était reconnaissant à Fernand de la réserve qu’il s’était imposée. Puis tout à coup il fut pris d’un doute cruel. Le jeune homme n’avait point paru à table depuis deux jours, et on ne l’avait rencontré ni au casino, ni au parc. Peut-être avait-il voulu, par discrétion, éviter ce que pourrait avoir de pénible pour Raymonde et pour lui une nouvelle entrevue.

Puis tout à coup la pensée lui vint que M. Darcier, sous le coup du refus opposé à sa demande, était retombé malade… Il voulut en avoir tout de suite le cœur net et courut trouver M. Petit. En entrant dans le cabinet du médecin, il vit Fernand, seul, devant un livre qu’il feuilletait.

Il le salua courtoisement et s’informa du docteur. Le jeune homme répondit que M. Petit était en ce moment à l’établissement d’hydrothérapie, occupé d’y donner ses soins aux derniers malades, deux ou trois qui restaient encore. Puis, comme M. Dubreuil remerciait et se préparait à prendre congé :

— Monsieur, dit Fernand, acceptez, je vous prie,