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Hélas ! ce n’était pas possible. Ce doux intérêt de l’existence féminine lui était refusé, à elle, par une volonté contre laquelle elle ne voulait pas réagir, ce qu’elle n’aurait pu faire, d’ailleurs, qu’en oubliant volontairement ce qu’elle devait à son père et ce qu’elle se devait à elle-même. Elle était là dans des conditions extraordinaires, par la complicité du hasard qui avait amené Marcelle au foyer de son père. Oh ! la pauvre petite chérie ! Elle en était bien innocente, oh ! oui, et ce ne serait certes pas Raymonde qui jamais pourrait lui en vouloir. Elle l’aimait bien trop, pour cela !… Mais, enfin, c’était dommage.

Dommage, et dur aussi ! Elle pouvait bien le reconnaître, elle pouvait bien pleurer aussi, puisqu’on n’en saurait rien et que cela soulageait son pauvre cœur.

Du moins, le sujet en valait la peine. Et puis, ce n’était pas sur elle seule qu’elle pleurait. Il n’est pas défendu d’être charitable, de s’apitoyer sur la peine d’autrui. Et M. Fernand Darcier en aurait certainement en se voyant refusé, repoussé. La logique la plus élémentaire ne souffrait pas qu’on en doutât. Puisqu’il demandait Raymonde en mariage, c’est apparemment qu’il se sentait de l’inclination pour elle. Nulle préoccupation d’intérêt, bien sûr. Sa fortune était au moins égale, sinon supérieure à celle de la jeune fille : il était fils unique et Raymonde avait une sœur ! L’inclination était donc évidente : mieux encore, profonde !

Donc, ce n’était que trop vrai, il aurait de la peine. Eh bien ! Raymonde ne croyait pas braver les convenances en regrettant de la lui causer. C’était si bien contre son désir, si véritablement contraire à