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pas avec le docteur !… Où était-il donc, en ce cas ? Quel motif avait-il de n’y pas être ? Il refusait peut-être de l’entendre, se doutant de l’objet de sa démarche. Oh !…

— Veuillez dire tous mes regrets à M. le docteur, répondit Raymonde au domestique. Mon père est parti ce matin dès l’aube pour une partie de chasse à laquelle il avait été prié. Il ne rentrera que dans l’après-dînée, assez tard, peut-être…

Et comme le garçon se retirait pour reporter cette réponse, Fernand s’indigna. Comment ! On n’avait plus que deux jours, trois au plus à passer ensemble et M. Dubreuil faussait ainsi compagnie à tous ses amis !… Si c’était pour en rester là, qu’avait-il besoin alors d’organiser hier cette promenade, et de se mettre en si grands frais de politesse ?… On avait besoin de lui pour décider une question importante, dont deux existences dépendaient, et il allait à la chasse !…

— Or ça, Monsieur Darcier, dit tout à coup Marcelle, avez-vous fait le projet de faire tenir sur votre tranche de pain tout le contenu de ce beurrier ?

Fernand sentit aussitôt tout le ridicule de son attitude. Il rougit, s’inclina, sourit, puis rougit de plus belle. Alors, voulant absolument dire quelque chose :

— En effet, mademoiselle Marcelle, répliqua-t-il.

Et comme l’enfant partait d’un joyeux éclat de rire à cet acquiescement singulier, sa confusion fut extrême et il revint à lui.

— Pardonnez-moi, de grâce, dit-il. J’étais distrait. Je ne sais vraiment où j’avais la tête.

— Vous pardonner, dit encore Marcelle. Peut-être !… si vous chantez bien ce soir.