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Lorsqu’il s’éveilla, il consulta sa montre et resta stupéfait.

— Huit heures ! dit-il, et je dormais. Et tandis que je reste là dans mes oreillers, avec l’indolence d’un homme que plus rien ici-bas n’intéresse, M. Petit est peut-être occupé de faire trancher, par le père de Raymonde, la question de mon avenir. Ma vie se joue là bas, et je dors !…

Ce contre-temps imprévu lui donna de l’humeur. Il s’habilla à la hâte et descendit vivement à la salle à manger. On déjeunait encore. M. Dubreuil serait peut-être encore là ?… Non, Raymonde seule, à sa place accoutumée, avec Marcelle qui égrenait dès le matin, les saillies pétillantes de verve enfantine de son esprit alerte et vif. Fernand s’inclina devant ces demoiselles et se mit à table. Où pouvait bien être M. Dubreuil ?… Pas de doute, le docteur l’avait retenu : il s’acquittait en ce moment même de sa mission….

Le jeune homme eut un frisson involontaire et se sentit pâlir. Pour se donner une contenance, il se mit à beurrer une tranche de pain découpée. Que disaient-ils ?… Comment M. Dubreuil accueillait-il les ouvertures du docteur ?…

Il beurrait, beurrait encore, et toujours : sa tartine déjà n’était plus mangeable.

Refusait-il peut-être ?… Oh ! désespoir… Mais non, ce ne pouvait être : quel motif aujourd’hui ?…

— Mademoiselle, dit en ce moment un garçon de bains qui venait d’entrer et s’approchait de Raymonde, voudriez-vous avoir la bonté de me dire où je pourrais rencontrer M. Dubreuil ? M. Petit voudrait l’entretenir et l’attend dans son cabinet…

Fernand sursauta. Eh quoi ! M. Dubreuil n’était