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rons de Beautaillis ? En ce temps-là, tu nous chantais si bien, en duo avec Raymonde, les jolis couplets de l’Hirondelle légère. Oh ! ne te récrie pas, tu ne les as pas oubliés… Chante-les encore, veux-tu, quand nous traverserons le bois.

M. Dubreuil s’excusa de devoir en passer par tous les caprices de ce petit potentat en jupons, qui savait le retourner comme un gant, disait-il. Puis, ces demoiselles ayant insinué que tout le monde connaissait l’Hirondelle légère et Fernand ayant avoué qu’il avait un filet de voix assez présentable, on parla tout de suite de chanter en chœur.

Ainsi ? à l’improviste ? au risque d’une cacophonie horrible ?… Oui, au risque de tout ce que l’on voudrait. Ne voulait-on pas s’amuser tout plein ? Amusons-nous, alors !… Et dans le bois s’éleva soudain l’accord d’un chant mélodieux, parfait vraiment ! M. Dubreuil était excellent musicien et maniait agréablement une basse-taille à laquelle répondaient les soprani de ces demoiselles. Quant à Fernand, il avait une voix de baryton superbe, et ce fut, à l’entendre, toute une révélation.

M. Dubreuil lui reprocha vivement de s’être laissé ignorer à ce point. Et tout le monde aussitôt exigea qu’il chantât seul un morceau de son choix.

Fernand s’excusait. On se moquait, vraiment, de lui faire croire qu’il eût une voix présentable. En tout cas, il ne se l’était jamais connue…

— C’est l’eau de Mondorf, peut-être, risqua une de ces demoiselles.

— Vous n’attendez pas de moi que j’en médise jamais, répondit Fernand devenu grave.

Et comme on insistait de nouveau pour qu’il