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menade à faire en compagnie du jeune homme, soit ! Chose promise, chose due, comme avait dit son père. Mais, du moins, serait-ce une promenade à pied, faite sur la grande route, qui lui permettrait de prendre l’avance avec Marcelle, tandis que M. Dubreuil ferait la causette avec Fernand. Et voici que, par un inexplicable caprice, on l’obligeait à se mettre en voiture, pour plusieurs heures sans doute, aux côtés de ce pauvre ami auquel elle s’était imposé la dure obligation de mentir. Le pourrait-elle, si longtemps ?…

C’est dans le mouvement d’inquiétude produit chez elle par ces réflexions que Raymonde avait prié ses amies. Quelle imprudence encore ! En présence de son père et de Marcelle, il lui eût été possible à la rigueur de rester vis-à-vis de M. Darcier sur un ton de réserve exagérée. Mais en présence d’étrangères, elle ne le pourrait plus, sans risquer d’éveiller en leur esprit de dangereux soupçons…

La voiture filait au petit trot cadencé des deux chevaux, braves bêtes accoutumées aux durs labeurs et courageuses, sur lesquelles on pouvait se reposer sans crainte d’accident. Aux places du fond s’étaient assises les deux amies de Raymonde, ayant l’une à sa droite Mlle  puis M. Dubreuil, l’autre à sa gauche Marcelle et M. Darcier. Les deux hommes se faisaient ainsi vis-à-vis, fort occupés en ce moment du paysage et des localités que l’un montrait à l’autre avec force explications.

Dalheim ! Le village était sur l’emplacement d’un camp romain dont il restait des vestiges nombreux et fort caractéristiques….

Mais ces demoiselles, qui connaissaient Dalheim presque aussi bien que le parc de l’établissement