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Car il fallait se hâter de profiter des derniers jours. On avait fixé au lendemain la fête des adieux. Mauvais jour, d’ailleurs, le samedi, pour une pareille fête, car on ne se mettait pas en voyage le dimanche. Le retour à Paris était ainsi ajourné au lundi : vraiment, il fallait se hâter.

— Je suis sûr que M. Darcier sera tout à fait de mon avis, dit M. Dubreuil en terminant, et qu’il applaudira à mon idée de prendre un breack, de manière à voir le plus de pays possible en peu de temps.

— Une idée excellente en effet, Monsieur, dit Fernand, quand on l’eut mis au courant de tout ceci. Et vous me voyez absolument confus de l’honneur que vous voulez bien me faire.

— Mais pas du tout, pas du tout, reprit l’excellent homme. J’avais promis de vous accompagner le jour de votre première promenade. Or, chose promise, chose due….

À deux heures, l’équipage retenu par M. Dubreuil s’arrêta devant la grille de l’hôtel. Comme il y avait six places, Raymonde avait invité deux de ses amies à les accompagner, deux charmantes jeunes filles dont l’humeur enjouée avait toujours eu raison de la mélancolie qui l’assaillait parfois.

M. Dubreuil avait un but évident en se faisant aussi aimable qu’il l’était pour Fernand : se faire pardonner par sa fille, dont la générosité l’autre jour l’avait vaincu. Mais, vraiment, si Raymonde, à force d’énergie, était parvenue à commander à son cœur sans plus rien laisser voir de son intime souffrance, elle ne se sentait guère assez forte cependant pour rester maîtresse d’elle-même en de pareilles circonstances. Qu’on eût organisé une pro-