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— Je resterai fille !

Cette fois, la résolution était définitive.

Raymonde remonta pour réveiller Marcelle et faire sa toilette. Le premier mouvement de l’enfant à son réveil était toujours de sauter au cou de grande sœur en lui criant gaiement : Bonjour !

Mais ce matin, en ouvrant les yeux, elle fut frappée, elle aussi, de l’altération des traits de Raymonde.

— Ah ! dit-elle, tu es malade !

— Non, ma chérie. Mais j’ai passé une mauvaise nuit, fort mauvaise. Très lasse quand je me suis couchée, je n’ai pu trouver le sommeil qui aurait chassé la fatigue. Je suis un peu énervée, voilà tout. Le grand air et une bonne verrée d’eau de la source vont chasser bien vite tout cela et il n’y paraîtra plus.

— C’est bien vrai, grande sœur, tu n’es pas malade ?

— Je t’assure, mignonne, sois tranquille.

La toilette de Marcello achevée, les deux sœurs étaient allées à la source. Puis Marcelle avait proposé de faire le tour du parc en prenant par le bosquet pour revenir par la grande allée des marronniers. Raymonde avait accepté avec empressement. L’air frais du matin lui faisait grand bien, et elle ne doutait pas que le mouvement de cette courte promenade ne suffît à faire disparaître de son visage toute trace de son insomnie. Elle tenait énormément à ne paraître devant son père que quand les couleurs seraient revenues à ses joues. Et elle s’empressait, marchant vite, pour que l’air lui fouettât mieux au visage.

Tout à coup, dans le bosquet, au détour du sen-