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chaises de jardin ramassées s’alignaient en trois rangs symétriques : les places réservées aux pensionnaires de l’établissement. Car, en ceci, l’expérience de l’année précédente avait fait à l’administration une loi formelle de toujours réserver des places aux baigneurs, à toutes les fêtes données par les sociétés de la ville. La poussée d’une foule curieuse, venue d’un peu partout, pour assister à ces fêtes, avait l’an passé produit souvent de véritables désarrois, tels que ceux-là même en l’honneur de qui les plaisirs étaient organisés avaient été mis dans l’absolue impossibilité d’y prendre part.

Certes, personne ne contredisait à reconnaître que Mondorf, devenu propriété de l’État, fût ouvert à tous et accessible à toutes les classes de la société ; certes encore, il n’était venu jamais à l’idée de personne de se plaindre que le public y fût un peu mêlé et qu’on y coudoyât des gens de basse condition. Mais encore fallait-il admettre que cette propriété n’avait pas été acquise par l’État pour peser sur les épaules des contribuables, qu’on attendait de sa bonne organisation qu’elle se pût suffire à elle-même, à tout le moins. Or, pour que ce but fût atteint, la simple logique exigeait qu’on y attirât l’étranger d’abord, et puis qu’on l’y retînt en lui offrant des distractions de nature à le captiver et à rendre son séjour attrayant.

La belle affaire alors de lui offrir des plaisirs et de l’inviter à des fêtes, si on ne lui laissait pas les moyens de se rendre à l’invitation !…

C’est ce qu’avait développé le régisseur avec beaucoup d’intelligence pour décider l’administration à cette mesure indispensable des places réservées aux baigneurs. Il ne se faisait pas d’illusion