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nais à la maîtresse de la maison les renseignements qu’elle voulait bien me demander sur nos chères petites. Enfin je songeais à remercier et à prendre congé, quand Mme Meunier, m’interrompant, me demanda si j’ignorais peut-être l’heure qu’il était.

— Mais, Madame, fis-je respectueusement, il doit être à tout le moins quatre heures, et je craindrais d’abuser…

— Comment, s’écria alors notre hôtesse, vous savez qu’il est quatre heures et vous parlez de partir ! Et la collation, vos pauvres petites en devraient-elles par hasard être privées ?

Et avec une bonne grâce sans égale, elle me pria de rassembler les enfants et de les emmener avec nous au château. Dans la grande salle, des tables avaient été dressées, couvertes d’un amoncellement de brioches, de fruits, de confitures et de bonbons. Mesdemoiselles Meunier avaient tenu à faire elles-mêmes le service de la collation, et elles s’empressaient autour de nous, la verseuse à la main, nous accablant de leurs prévenances, nous excitant à reprendre de tout, se fâchant contre les timides qui se faisaient trop prier.

La collation enfin était terminée, quand M. Meunier, qu’on n’attendait point, arriva et vint nous saluer. Avec une bonne humeur charmante, il adressa ses compliments à nos fillettes, et les intéressa vivement au récit qu’il leur fit de l’arrestation d’une bande de bohémiens, à laquelle la gendarmerie avait procédé la veille dans le voisinage de sa propriété. Enfin, il nous congédia, et s’adressant à Mme Meunier, à qui il feignit de faire un vif reproche pour nous avoir invitées sans le prévenir de cette bonne aubaine, il dit que pour se venger, il inviterait à