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malheureux, je les intéressai vivement à mes projets et, séance tenante, ils décidèrent de m’aider. Nous ne pouvions évidemment arracher à ce milieu tous les enfants de notre arrondissement. Il en aurait coûté absolument trop d’argent. Mais nous pouvions prendre dans nos écoles les plus débiles, et parmi ceux-là choisir les plus pauvres tout ensemble et les plus méritants : chaque école fournirait ainsi son contingent, dont nous formerions une colonie de douze ou quinze enfants, et que nous mettrions sous la garde d’un des maîtres ou d’une des maîtresses de l’établissement. Et nous enverrions la colonie ainsi formée en villégiature.

Ce fut la première décision que nous prîmes. Quelques semaines avant les vacances, nos jeunes sujets étant choisis et les surveillants désignés, la question se présenta de savoir où nous les enverrions. À la mer ? Nous y avions pensé d’abord. Mais quelqu’un fit remarquer, avec beaucoup de raison, que la mer est conseillère des longs farniente sur le sable, et nous voulions au contraire que les enfants se livrassent à de grandes promenades. Et puis, le séjour de la mer est toujours horriblement coûteux.

Nous décidâmes alors que nos colonies se dirigeraient vers les pays montagneux de l’Est de la France. Un de nos amis, le plus dévoué sans contredit au succès de notre œuvre, s’en alla lui-même choisir les endroits où chacune des colonies serait logée et faire prix avec les propriétaires.

— Les prix furent exorbitants, sans doute, interrogea M. Pauley.

— Au contraire, repartit M. Dubreuil. Ces prix furent en général très doux ; car il y a, dans ces