en effet, et mon journal, qui parla très au long l’an passé de ces institutions, l’ignorait lui-même sans doute, car il n’en a pas soufflé mot…
— Si vous consentez à nous faire la conduite, M. le curé, intervint alors M. Dubreuil, je vous dirai ce que nous avons fait à Paris et quels résultats nous avons obtenus.
L’excellent prêtre accepta l’invitation ; on rappela Marcelle qui s’était un peu éloignée à la poursuite d’une libellule, puis on se remit en marche de compagnie.
— L’idée des colonies scolaires, commença M. Dubreuil, est née en mon esprit à la suite d’une remarque qui n’est, hélas ! que trop facile à faire. Il y a à Paris, et même dans mon arrondissement qui est pourtant le plus riche de tous, nombre d’enfants malingres, débiles, que le défaut de santé et de forces empêche de suivre assidûment l’école et de profiter des leçons qui s’y donnent. Ce n’est pas de leur faute s’ils sont de constitution si faible. L’hérédité y est sans doute pour quelque chose, mais aussi, mais surtout le défaut de bon air, le manque d’exercice, l’insuffisance de nourriture et, pour tout dire d’un mot, la mauvaise hygiène, fille de la misère.
Aux vacances, qui sont longues, ces malheureux enfants rentrent chez eux ; les parents, qui travaillent, ne veulent point les laisser sortir au loin, ne pouvant les surveiller ; ils descendent dans la rue ; ils y aspirent l’air malsain qui s’en dégage, et le soir remontent au taudis paternel, où la famille s’entasse dans une atmosphère viciée.
La première fois que je réunis mes amis à ma table, après le jour où je m’étais senti tourmenté de l’idée de faire quelque chose pour ces petits