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qu’un peu de bonne volonté de la destinée, jusqu’aujourd’hui si contraire. Elle se lasserait bien, peut-être, à la fin, de lui susciter de continuels tourments : et alors, c’était le bonheur !…

À ce moment, M. Dubreuil entrait avec Marcelle et Raymonde. Il avait appris par sa fille que M. Pauley tiendrait ce jour même sa promesse de lui faire visiter les colonies de vacances : il en était ravi. Dans la salle à manger, il distribuait à tous la cordiale poignée de main qu’il avait accoutumé de leur donner chaque matin en leur souhaitant le bonjour. Il s’arrêtait çà et là, disant quelque parole aimable ou polie. D’ordinaire, il saluait Fernand sans lui tendre la main, une crainte insurmontable l’envahissant dès qu’il se trouvait vis-à-vis de ce corps frêle, la peur sans doute de lui faire mal en lui étreignant les doigts dans sa main large et puissante d’agronome tourangeau.

Mais ce matin, il trouvait si bon visage au pauvre malade qu’il en fut doucement ému. Il s’approcha, tandis que Fernand, repris de son invincible effroi, le regardait ébahi ; et au lieu du « Bonjour, Monsieur » ! un peu dur qu’il avait coutume de lui adresser, il s’informa en termes fort aimables de l’état de sa santé.

— Vrai, disait-il, vous guérissez, mon cher ami. Avant quinze jours, si vous allez de ce train, les forces vous seront revenues. Ce sera un grand succès pour notre excellent docteur et un regain de réputation pour l’établissement. Oh ! nous le fêterons, ce jour-là. D’abord, je vous retiens pour la première promenade que M. Petit vous permettra…

Fernand ne pouvait en croire ses oreilles.