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— Vous savez, Monsieur Canon, ce dont nous sommes convenus : si vous êtes malade, c’est moi que vous nommerez régisseuse !

— Oui, Mademoiselle, répondit le brave garçon sur la face de qui l’enfant avait le privilège de toujours amener un large sourire, oui, vous serez régisseuse en chef…

Enfin, Monsieur Dubreuil s’entendit appeler : Petit père !… Et il s’empressa de descendre. Il était près de huit heures, il fallait se hâter d’aller déjeûner. Et gaiement, après avoir mis un baiser au front de Marcelle, il la prit par la main pour rentrer à l’hôtel.

Le soleil maintenant avait fondu complètement le brouillard qui estompait chaque matin d’une vapeur laiteuse les berges du ruisselet. L’atmosphère se faisait brûlante, et sur la route, venant du village pour la promenade, les baigneurs avançaient lentements, les ombrelles déployées, troublant à peine du bruit de leurs conversations la paix silencieuse de la campagne.

À l’hôtel, le déjeûner se terminait. Quelques marmots en retard grignotaient leurs tartines, s’interrompant à toute minute pour se communiquer leurs projets de la journée et concerter de bonnes parties.

Dans l’embrasure d’une croisée ouverte, où entrait la fraîcheur vivifiante de l’ombrage des tilleuls, Fernand Darcier était assis, le regard perdu dans le vide, les mains abandonnées sur les genoux, où s’étalait le dernier numéro de son éternel Courrier Champenois. Visiblement, il faisait de rapides progrès dans la voie de la guérison : l’œil plus clair, le teint moins pâle, sa langueur d’autrefois cédant petit à