fois que paraissait Mlle Dubreuil, il ne se retenait qu’avec peine de donner le signal des applaudissements.
Ce que tout le monde autour de lui appelait un succès, il le proclamait un triomphe ; pour un rien, il eût traité de gens stupides et idiots ceux qui se permettaient de dire que Mlle Dubreuil était une personne des mieux douées, alors qu’à ses yeux elle était une grande artiste, maniant incomparablement un incomparable talent.
Le concert terminé, comme il sortait au bras du régisseur, M. Canon exprima l’idée qu’il serait bon de faire parvenir, aux journaux de Luxembourg, une petite note où fût constaté le succès de la soirée organisée par les baigneurs. Fernand l’y encouragea. À son avis, ce serait, de la part de l’administration, un hommage rendu à l’initiative et au mérite des jeunes gens qui avaient consenti à se faire entendre : cette constatation, faite publiquement, les déciderait sans doute à donner de nouvelles soirées, et tout le monde y gagnerait…
Tout en poussant ainsi M. Canon, Fernand prit congé et rentra à l’hôtel. À peine entré dans sa chambre, il s’assit devant sa table et se mit à écrire lui-même la relation du concert auquel il venait d’assister. Quelques phrases d’introduction, puis, aussitôt achevée l’entrée en matière, la forme dithyrambique et exagérée que son amour, secret mais profond déjà, le pressait de donner aux éloges qu’il faisait de Raymonde. Une page entière de louanges telles qu’un critique partial eût à peine osé les décerner publiquement à la Patti ou à la Nilsson : Mlle Dubreuil n’était plus une jeune fille ordinaire, assez au courant des choses de l’art pour