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Elles se mirent à l’œuvre sans retard et employèrent la moitié de la semaine aux répétitions, à la distribution des rôles, à la copie des programmes. Le concert eut lieu enfin et ce fut un véritable succès pour les jeunes filles qui l’avaient organisé, tout particulièrement pour Raymonde.

Non pas seulement que les jeunes filles qui s’étaient exécutées ce soir eussent personnellement mérité les unanimes applaudissements de leurs auditeurs, mais encore et surtout parce que ce fut, pour la colonie de Mondorf, l’occasion de constater qu’elle possédait tous les éléments nécessaires à la réussite d’un pareil concert, et qu’on pourrait, sans peine aucune, organiser souvent les plus charmantes soirées.

Raymonde avait paru infatigable : c’est elle qui tenait le piano, elle encore qui dirigeait les chœurs, sans parler de trois morceaux du programme exécutés par elle. On l’avait applaudie et fêtée de toutes parts.

M. Darcier avait assisté au concert, sur les pressantes instances du régisseur, qui lui conseillait de s’accorder cette distraction nécessaire. C’était une des premières fois qu’il se mêlait à la société : tout au plus s’était-il hasardé, jusqu’alors, à paraître à la salle à manger de l’hôtel, après les repas, pour écouter les conversations. Tout d’abord, il avait nettement refusé de venir à la soirée, n’étant pas au fait et croyant qu’il s’agissait d’un concert donné par une société d’amateurs de la ville. Mais quand M. Canon lui avait expliqué son erreur en lui nommant Raymonde, le pauvre garçon avait senti son cœur sauter dans sa poitrine. Il feignit, par discrétion, de n’accepter qu’à contre-cœur, mais dès les premiers instants l’enthousiasme l’avait pris, et chaque