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Au moment de s’en revenir, on chercha Marcelle, qui avait disparu. Elle avait réuni un groupe de petites malades dans la grange de la ferme, cette grange vaste et bien aérée, au plafond élevé, à l’aire sèche, qui servait de salle de récréation par les jours de mauvais temps.

Les pauvres enfants, dont quelques-unes seulement comprenaient un peu le français, avaient accepté de donner à la demoiselle le plaisir de présider à leur récréation : en ce moment elles chantaient ensemble une chanson au rythme lent et doux, que Marcelle paraissait écouter avec le plus grand plaisir, encore qu’elle n’y comprît goutte.

C’est là que son père la retrouva, tout absorbée des devoirs de sa présidence, grave, le maintien correct.

— Eh bien ! Marcelle, dit M. Dubreuil, viens-tu ?

— Oui, petit père, j’arrive. Et cependant, si tu savais !… Je voudrais tant faire un plaisir à toutes ces pauvres petites ; mais je me creuse vainement l’esprit à deviner ce qui pourrait le leur causer. Cependant, j’ai pensé à quelque chose…

— Dis, ma chère enfant ; si la chose est possible, elle est faite, je te le promets d’avance.

— Eh bien, petit père, te souviens-tu du plaisir que j’avais, lorsque j’étais toute petite, à jouer à la dînette avec Raymonde et notre bonne Rose ?… Je suis sûre que ces pauvres petites malades s’y amuseraient bien, elles aussi. Mais, vois-tu, je voudrais que ce ne fût pas une dînette pour rire ; je voudrais une dînette sérieuse, où il y aurait des friandises à manger et quelque bonne chose à boire. Qu’en penses-tu ?…

— Mais, dit M. Dubreuil, tout interloqué, au fond,