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pliquant jamais à l’étude que contrainte et forcée par la nécessité d’obéir. Raymonde, sévère pour elle-même, avait pour Marcelle une indulgence que rien ne pouvait lasser et qui dégénérait même en faiblesse ; à chaque nouvelle niche imaginée par la folle gamine, elle tenait prête une nouvelle excuse. Pas n’était besoin d’ailleurs de beaucoup insister pour obtenir le pardon de M. Dubreuil, qui aimait la petite fille autant que si elle eût été son propre enfant, ou celui de Rose, qu’une petite câlinerie suffisait à désarmer.

L’adoption de Marcelle par M. Dubreuil n’avait fait que redoubler le zèle du vaillant agronome : il s’était remis à la tâche qu’il s’était imposée, courageusement, ajoutant chaque année à sa fortune et tout ensemble à sa réputation de générosité. Personne ne fut donc surpris lorsqu’en automne 1885, les électeurs du département lui offrirent la mission d’aller à Paris représenter leurs intérêts à la Chambre des députés. Il avait d’abord, par modestie, songé à décliner l’honneur qu’on lui faisait ; mais bientôt, envisageant le bien qu’il pourrait faire et les services qu’il pourrait rendre, il accepta et posa sa candidature.

Profondément conservateur, il s’était rallié au programme de l’Union conservatrice ; mais il entendait qu’avant tout son élection signifiât le ferme désir, exprimé par le département, de voir revendiquer à la Chambre les droits de l’agriculture.

Personne ne fut assez hardi pour combattre sa candidature ; il rallia sur son nom une masse imposante de suffrages et fut élu député.

Cet honneur devait nécessairement entraîner des charges : la moins pénible ne fut pas l’obligation