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Ah ! certes, la chose aurait été la plus simple du monde, s’il avait eu un père ou une mère, à qui il aurait tout avoué et qui l’aurait dirigé de ses sages conseils en cette grave circonstance. Mais il était orphelin et ne pouvait, en aussi délicate matière, s’ouvrir à un étranger, le premier venu peut-être, qu’effaroucherait certainement une semblable confidence.

Et son tuteur ?… Oui, il avait un tuteur, mais quel triste appui que celui qu’il trouverait de ce côté : un homme d’affaires, absorbé tout entier par le soin de ses intérêts propres et ceux de la maison Darcier, dont il gérait la fortune, loyal sans contredit et sincèrement dévoué à son pupille, mais à l’unique point de vue de l’argent. En dehors de l’argent et des opérations nécessaires pour le faire abonder dans les caisses, cet habile homme était complètement fermé à toute considération, et traitait dédaigneusement de « sentiment » tout ce qui n’était pas du domaine positif, c’est-à-dire commercial ou financier.

Que dire à un pareil homme, si on avait l’idée de le prendre pour confident ? Une fois, une seule fois, Fernand s’était avisé de lui ouvrir son cœur et de réclamer un peu de pitié : au premier mot il avait été arrêté par cette question :

— Tu as des chagrins, des ennuis ?… Peut-être ne trouves-tu pas convenable la pension que je te sers ?… Je puis l’augmenter, si tu veux, la doubler même au besoin : les affaires marchent bien, en ce moment.

C’était comme une douche glacée qui avait à jamais anéanti, dans le cœur du pauvre garçon, l’espoir de gagner la confiance de son tuteur, le seul