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dans la maison de l’enfant abandonnée. C’était une petite fille ?… ah ! quel bonheur ; elle aurait la grande poupée blonde, celle qui fermait et ouvrait les yeux et qui marchait toute seule ; et puis tout de suite, tout de suite, elle apprendrait le piano !…

Quand elle sut que la petite fille n’avait pas de nom, elle voulut qu’on l’appelât Marcelle, un prénom qu’elle avait trouvé dans un livre, où il était porté par une enfant bien sage, que les bonnes fées aimaient bien et qu’elles avaient rendue heureuse.

Tout le monde y avait consenti et l’enfant avait pris, en même temps que sa place au foyer de l’homme charitable qui l’avait recueillie, ce nom de Marcelle où Raymonde voyait un présage de bonheur.

Les annonces envoyées aux journaux par M. Dubreuil n’amenèrent aucun résultat : sa conviction se fit ainsi de jour en jour plus profonde que Marcelle avait été abandonnée. Par qui ? Pourquoi ?… Mystère insondable et qui ne serait peut-être jamais éclairci.

Cependant les années s’écoulèrent. Raymonde et Marcelle grandirent côte à côte, profitant l’une et l’autre également, des avantages de l’instruction et de l’éducation que permet une grande fortune et s’habituant chaque jour davantage à se considérer comme deux sœurs.

Elles n’offraient cependant aucun point de ressemblance, et l’amitié tendre qui les unissait était faite même pour étonner ceux qui connaissaient la diversité de leur caractère. Raymonde était devenue une grande demoiselle sérieuse, fort posée et très instruite de toutes choses ; Marcelle était d’une infatigable espièglerie, mettant son bonheur dans la perpétuelle récréation de l’esprit et du corps, ne s’ap-