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Il ne voulut plus entendre les murmures de l’eau, ni regarder les scintillements des vagues de la lune se jouant dans les vitres de l’hôtel. Il rentra lentement chez lui ; agenouillé devant son lit, il médita longtemps, tandis que de grosses larmes roulaient de ses paupières fatiguées :

— Mon Dieu, disait-il, accordez-moi la guérison : c’est maintenant surtout que je vous en conjure.

Le pauvre garçon dormit assez tranquille le reste de la nuit. Mais de grand matin il se fit conduire à la source, pour ne pas manquer l’occasion de revoir Raymonde. Il la revit, accompagnant sa sœur plus jeune, l’œil toujours doux et bon.

Quand elle le salua, tournant vers lui son œil bienveillant, il eût voulu lui adresser un mot, lui dire quelque chose ; mais il ne trouvait rien. Trop ému, il ne savait comment formuler, par une parole, tout le monde d’émotions et de sentiments inconnus qui agitaient son cœur.

Les jeunes filles sorties, Fernand descendit vers la maison du docteur.

— Qu’avez-vous, mon ami ? demanda M. Petit en le voyant entrer : d’où vous vient cet air abattu et mélancolique ?…

— Ah ! docteur, je suis bien malheureux !…

Et Darcier, s’enhardissant, supplia le médecin de recevoir ses confidences, et lui conta son roman d’un jour, sa rencontre de la veille, le sentiment qui l’avait envahi depuis.

Le pauvre malade aimait Mlle  Dubreuil…