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Nous vîmes les chaînes de Gualjaina ou Tecka oriental se prolonger au nord, depuis la gorge transversale que croise le chemin de Chubut à la vallée 16 de Octubre, et au sud de la chaîne de Quichaura dont l’arroyo principal, qui court du sud au nord, n’arrive pas à se déverser dans le rio Chubut. Ces deux chaînes correspondent à celles de l’orient de Chenqueggeyu, et, à mon avis, sont la continuation orographique des chaînes de Moncol, situées à l’angle du Collon-Curà et du Limay. De notre point d’observation, vers le sud, je remarque que les chaînons se séparent, s’éloignant de plus en plus à l’orient. La reconnaissance de cette partie du territoire ne rentre pas dans mon programme actuel, et je renvoie à plus tard la publication des données que possède le Musée sur cette région.

Une protubérance volcanique dont les laves couvrent les grès et les conglomérats du Tecka supérieur, étrécit la vallée sur un parcours de quelques centaines de mètres, en forme de pittoresque « cañon » ; c’est jusqu’ici que je suis arrivé en 1880, lors de ma visite au cacique Pichicaia. Après ce défilé, la vallée s’élargit doucement sur ses côtés par de vastes moraines que domine le Mont Edwin. C’est la zone si vantée des laveries d’or. Cette vallée a quelques dizaines de mètres du sud au nord. Le fleuve descend de l’ouest entre des pentes douces ; au nord se trouve le Mont Edwin (2000 m.), et le Mont des Mines (1790 m.).

Au milieu de ce paysage glaciaire, le Tecka et quelques ruisseaux affluents du Carrenleufu prennent naissance dans les ondulations morainiques où l’on remarque souvent de petites lagunes. Nous montons vers le sud-sud-ouest par les coteaux couverts de laves et cachés sous les dépôts glaciaires, puis nous descendons à l’origine des cañadones (vallées étroites) qui amènent des eaux au rio Gennua, et là nous trouvons une lagune qui fournit d’excellent sel aux indigènes. Ces lagunes sont au nombre de quatre, mais une seule est salée, elle a environ deux kilomètres dans son plus grand diamètre. Les eaux coulent au Tecka du pied ouest de la colline à travers des gorges ouvertes dans la lave. Au sud de la Saline, une colline granitique sépare les eaux qui descendent au Gennua, de celles qui vont au Carrenleufu. Les collines sont peu élevées, avec de légères ondulations couvertes de dépôts glaciaires. Pour recueillir des exemplaires pétrographiques, nous campons dans un pittoresque bosquet parmi des rocs capricieux de granit décomposé.

Le 21, de bonne heure, nous continuons la marche dans la