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partement de Terres, etc., a approuvé les mesures du terrain où doit se fonder la colonie San Martin, qui figure sur le plan au milieu d’un grand espace laissé en blanc ; qu’il s’y trouve un lac que s’appelle Nahuel-Huapi, et que dans ce lac naît le fleuve Limay, etc., etc. Par contre, on a représenté la colonie 16 de Octubre arrosée par le rio Chubut, au pied d’une haute montagne qui la limite au sud, tandis que la pampa la limite au nord, et le rio Aluminé se déversant directement dans le Limay, baignant dans son cours une montagne prodigieusement élevée qui occupe tout le territoire compris entre ce fleuve, les Andes, le rio Neuquen et le Limay.

La plupart des acheteurs de terres dans les territoires du sud jouent à la loterie, en choisissant les numéros de leurs lots sur les plans officiels ; de là le bas prix relatif qu’atteignent les ventes ; de là aussi les facilités pour quelques uns d’obtenir de grandes étendues de terre dont la nation ignore la valeur, tout en consacrant des sommes considérables à ces mesures de terrains, qui donnent des résultats si visiblement incomplets.

Rappelons la colonie Sargento Cabral et la colonie indigène San Martin dont la terre est exploitable pour une bonne partie, mais qui a été désignée sans aucune étude préalable, puisque son périmètre ne contient pas un seul arbre qui puisse être utilisé pour des constructions, ni davantage de bois en quantité nécessaire à une colonie étendue, quand à peu de distance se trouvent des terrains convenables, qui ont été laissés de côté, et qui, malheureusement, se trouvent déjà dans les mains de particuliers.

La vallée du Tecka et les vallons plus ou moins étendus des plateaux qui l’entourent pourront, dans la suite, servir de pâturages à des troupeaux de moutons qui se compteront par centaines de mille, et réunissent de meilleures conditions pour y établir de grandes colonies que d’autres terrains de l’intérieur de la République ayant déjà été colonisés. S’il est certain que la région comprise entre la colonie-capitale du Chubut et les monts Gualjaina et Quichaura à l’orient du Tecka est très pauvre en pâturages étendus, en revanche, on peut dire que la zone qui s’étend de ces chaînes, dans la direction de l’ouest, est continuellement fertile.

Le 20, ayant obtenu les peones indigènes dont j’avais besoin, et accompagné de Foyel, je continuai l’ascension de la vallée du Tecka, de plus en plus fertile. Une ceinture verte indique sur le flanc du plateau la ligne qui sépare les roches sédimentaires tertiaires des dépôts glaciaires, formant une série de sources pittoresques.