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pied du chainon volcanique qui, depuis le Limay, se détache au sud-sud-est.

À l’est, on voit un volcan éteint et derrière celui-ci, au sud-est, se trouvent les salines de Calgadept et ses sources thermales que j’ai visitées en décembre 1879. Les plateaux sont caractéristiques comme dans les environs du fleuve Santa Cruz ; les supérieurs forment le fond de l’ancienne mer intérieure qui s’étendit entre le chaînon granitique des Andes et celui du centre de la Patagonie, avant que les forces néovolcaniques et les glaciers eussent produit le paysage géologique actuel. Les gigantesques glaciers de la première extension couvrirent toute cette région intermédiaire et y semèrent les dépouilles des hautes cimes andines : granits, porphyres et roches volcaniques plus modernes. À l’occident du chemin, les terrasses sont légèrement inclinées et, bien que les roches qui entrent dans leur formation aient également leur plan de déclivité dans la même direction, l’inclinaison principale de la surface est dûe à l’épaisseur considérable des dépôts glaciaires de l’ouest ; dans la zone orientale, la couche de galets et de sables n’a pas plus de trois mètres d’épaisseur.

Après Chenqueg-gueyu, le plateau s’élève de nouveau (1430 mètres), coupé par des cañadones qui se dirigent à l’orient, domines par la hauteur voisine du Cerro Quemado au pied duquel on descend, par des gorges abritées et fertiles, dans la vallée de l’Arroyo Chacayhué-ruca (1200 m.) qui coule à l’est pour s’unir au Chenqueg-gueyu et plus bas au Ftatemen. Après avoir dépassé cette fertile vallée, on gravit de nouveau le plateau dont l’élévation commence à diminuer (1390 m.) et on arrive à la longue cluse ou combe de Ftatemen (1060 m.), dépression longitudinale pittoresque située entre les plateaux de l’orient et le massif volcanique d’Apichig qui la domine à l’occident, et dont les ravins, en partie dénudés, promettent aux paléontologues un vaste champ d’exploration.

Tout le terrain entre Nahuel-Huapi et Ftatemen est abondant en pâturages et pourra servir à l’élevage des troupeaux appartenant aux espèces bovines et ovines qui, en hiver, trouveront un abri dans les forêts de la vallée ; le blé et d’autres plantes se développent bien dans quelques endroits abrités. À Ftatemen, nous trouvons du poisson et du gibier en abondance : des truites et des canards ; mais nous n’avions pas le temps de nous reposer, et à peine fit-il jour que nous montâmes de nouveau sur le plateau, laissant à l’est la vallée du rio pour redescendre à l’ouest, à la gorge d’Apichig (ou Ap’gtr),