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dine par Bariloche, dont les résultats pouvaient être si féconds pour l’avenir.

Mes pauvres compagnons m’attendaient convaincus de la situation critique, quoique prêts à l’affronter. Les indiens étaient armés de lances, de bolas, de frondes et de quelques armes à feu. Nous célébrâmes un « parlement », et les indiens me dirent qu’ils venaient me chercher pour m’emmener aux tolderias de Shaihueque, afin que de là j’intercédasse auprès du gouvernement national en faveur de soixante-huit indiens assassins que le colonel Villegas avait fait prisonniers. À la manière dont ils exprimaient leur désir qui était un ordre, et d’après les avis que j’avais reçus, je compris qu’ils nous tendaient un piège à moi et à toute la caravane, et que je n’en sortirais que par beaucoup de prudence. Je n’étais pas en état de résister par la force ; je savais que si je me sauvais une fois, je ne tarderais pas à être repris, car les araucans avaient déjà occupé tous les chemins, et je résolus d’employer la ruse, feignant ne pas deviner le sort qui m’attendait, et j’acceptai de marcher à la tolderia. »