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C’est au pilote espagnol qu’on doit le premier croquis du Rio Negro et du Limay, et si, dans sa navigation, il choisit le bras du Chimehuin ou Collon-Cura, abandonnant le grand fleuve, cela ne diminue en rien l’importance de cette reconnaissance, puisque, comme je l’ai dit au retour de mon premier voyage, le Limay cesse là d’être navigable. Villarino n’a pas atteint le Nahuel-Huapi. Beaucoup d’années s’écoulèrent avant que de nouveaux explorateurs de l’un et de l’autre côté des Andes s’aventurassent dans ces parages. Au Chili, pourtant, quelques voyageurs ajoutèrent de nouvelles notions à la géographie de la province de Valdivia, en étudiant le lac de ce nom et celui de Todos los Santos ; ce n’est qu’en 1849 que le gouvernement chilien envoya l’officier de marine Muñoz Garvero explorer la Cordillère, et chercher le lac Nahuel-Huapi, mais il ne put y réussir malgré tous ses efforts.

Ce fut V. Perez Rosales, intendant de Llanquihué, qui découvrit en 1855 le passage cherché, envoyant une expédition dirigée par Vicente Gomez, lequel réussit à distinguer les eaux lacustres argentines où seulement l’année suivante parvinrent les voyageurs Fonk et Hess. Ceux-ci partirent avec treize compagnons de Puerto Montt, remontèrent le Rio Peulla, traversèrent la Cordillère, et atteignirent le lac sur les rives duquel ils construisirent un canot, au moyen duquel ils naviguèrent — d’après eux — soixante-quinze kilomètres (ce qui me parait exagéré), jusqu’à la Punta de San Pedro.

Guillaume Cox est le premier explorateur heureux du Nahuel-Huapi ; désireux d’ouvrir un chemin interocéanique commode, en profitant des voies fluviales et lacustres situées entre les 40° et 42° il se lança en personne à la recherche des preuves dont il avait besoin pour réaliser sa grande entreprise. Il partit de Llanquihué en 1862, traversa le boquete (col, passage étroit) de Perez Rosales, et après un pénible voyage, il arriva, le 28 décembre, à la rive du lac. Son journal de voyage, malheureusement rare à Buenos Aires, contient de très belles pages descriptives sur ces régions. Sur l’emplacement de son premier campement, il trouva les restes des canots du Père Melendez et du docteur Fonk.

Après avoir parcouru une partie du Rio Frio qui nait sur les versants du Tronador, le 4 janvier ils lancèrent le canot qu’ils avaient construit, et Cox s’y embarqua avec trois compagnons, tandis que les autres retournèrent à Puerto Montt. La « Aventura » eut à lutter contre les vagues et les rochers du lac, et plus d’une fois elle fut sur le point de sombrer ce jour-là et le