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l’ambition de nos ancêtres, et dont, pour moi, la base doit être recherchée dans les rapports qui, des deux côtés de la Cordillère, avaient été faits par les indigènes au sujet de centres européens qui se formaient au Chili et dans le Tucuman, centres qui se transformaient en villes presque orientales dans l’esprit perspicace de l’indien auquel n’échappaient sans doute pas les rêves de richesses des envahisseurs blancs.

Les jésuites ne voulurent pas rester en arrière des soldats, et, en 1643, ils tâchèrent de pénétrer le mystère et de porter à cette cité mystique, qui avait oublié la loi de Dieu, la lumière de l’Évangile, parcourant plusieurs fois la côte occidentale de la Patagonie, mais sans trouver autre chose que des tribus barbares.

En 1665, le Père Mascardi fut le premier qui pénétra à l’est des Andes, et comme le vaillant prêtre ne trouva pas traces des villes des Césars qu’il cherchait avec ardeur, il fit un second voyage, guidé cette fois par quelques indiens de l’orient andin, prisonniers au Chili, pour lesquels Mascardi avait obtenu la liberté et qui, par reconnaissance, se montrèrent disposés à écouter la Parole chrétienne et à le mettre en relation avec les habitants de la ville enchantée. Il traversa la Cordillère, et, en 1670, il découvrit le Nahuel-Huapi sur la rive nord duquel il fonda la mission jésuite de ce nom, en quoi il fut aidé par les indigènes ; cette fondation ne satisfit pas entièrement son ambition de trouver les Césars, à la recherche desquels il fit des voyages répétés : dans l’un d’eux, il arriva par le sud-sud-ouest au Pacifique, et mourut assassiné par les sauvages, en 1673.

Le Père José de Zuñiga voulut continuer l’œuvre évangélique de Mascardi, en fondant à l’occident de la Cordillère, près du lac Ranco, une seconde mission qu’il abandonna en 1686, et se rendit a Chiloé par le chemin de Nahuel-Huapi. Le Père Rifler et le Père José Guillermos continuèrent leurs travaux parmi les Pehuenches ; ce dernier réussit à aller de Chiloé jusqu’au Nahuel-Huapi à la mission que le Père Laguna devait restaurer. L’itinéraire que, d’après Cox, suivit Laguna passe au nord du lac, ainsi que celui du Père Guillermos.

Le Père Laguna retourna à Chiloé, en traversant le lac en radeau, et franchissant les Andes au pied du Tronador, probablement par le Passage de Perez Rosales, il descendit par le Rio Puella, traversa en radeau le lac Todos los Santos, et poursuivant son voyage au milieu de terrains marécageux, il arriva au golfe de Reloncavi, où il s’embarqua pour Castro.

Il revint peu de temps après, par le même chemin, accom-