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et exposés aux vents, mais les versants des collines, dans les environs des gorges et des vallées, sont riches en herbages et en sources. On aperçoit dans les dépressions des roches polies, comme si elles l’eussent été par les glaces pendant la seconde période glaciaire, mais je n’ai pas observé de stries : peut-être ont-elles été effacées par les eaux qui formèrent le torrent postérieur, déjà presque tari.

La végétation antérieure a dû être puissante, exubérante, car on aperçoit des couches d’humus de cinq mètres d’épaisseur. Le conglomérat est composé principalement de granit, de trachite et d’andésite. Le vieux cratère qui produisit les laves sous-lacustres, est bas, dénudé et ses laves offrent une pente douce ; depuis son sommet on jouit d’une vue étendue du grand plateau général. Au nord, il commence à la base extrême des chaînes de Catalin ; à l’ouest, il est limité d’abord par le massif de Chapelco, puis par le versant oriental d’un chaînon apparent, volcanique, à en juger par la couleur et son type orographique ; à l’orient par les chaînes de Moncol, puis par les roches néovolcaniques qui dominent le cours du Limay sur sa rive droite.

Le 5, à midi, nous descendons vers la vallée du Rio Limay, large de trois kilomètres en ce lieu, déjà occupée par des enclos de bestiaux. Le grand fleuve coule au milieu de vertes prairies qui se resserrent, à mesure que nous nous dirigeons au sud, jusqu’à former les défilés qu’offrent les premiers rapides. Là, la chaîne apparemment volcanique, que nous avions à l’ouest, traverse le fleuve et recouvre de ses laves et tufs le plateau dès que l’on a dépassé Chacabuco Viejo, nom du fortin qui s’élevait à l’endroit nommé auparavant Tran Mazanageyu (630 m.). Après avoir dépassé le premier défilé, j’observe de nouveau du granit recouvert d’une roche néovolcanique rose-clair, et à l’orient, de l’autre côté du fleuve, je crois remarquer que la roche, qui est d’aspect volcanique probablement porphyrique et de tufs porphyriques, est recouverte par des grès et des tufs, et ceux-ci, à leur tour, par du basalte plus moderne. L’absence de grands blocs erratiques me fait supposer que le Limay a formé là son lit à une époque postérieure aux glaciers des vallées.

Dans le second défilé, après avoir dépassé le Pichi-Limay, je trouve des pierres polies et des concavités circulaires dans les roches, formées par des eaux qui passèrent au-dessus, ce qui confirme ma croyance du caractère moderne de la fissure par où court actuellement le Limay. De là on domine les rapides