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pagne ces Notes peut donner une idée claire des conditions orographiques de cette zone si intéressante. Mon opinion est que les lacs Huechu-Lafquen, Lolog et Lacar sont des bras d’un grand lac qui occupait tout ce qui, aujourd’hui, s’appelle Vallée de Chimehuin.

Après avoir traversé ce plateau, on descend à l’ouest dans la plaine de Chapalco ou Maipu ; la rivière Chapelco descend de l’orient parmi les moraines et a ses sources un peu plus au nord-est du point culminant de ce massif volcanique (2180 m.). La vallée qu’a laissé le grand lac qui remplissait autrefois cette dépression aujourd’hui transformée en un si beau verger, et qui se dessécha quand les eaux s’ouvrirent un passage à l’occident à travers les roches de l’enchaînement andin principal, est étendue et utile à l’agriculture sur toute sa surface. J’ignore si les domaines des concessionnaires de Junin de los Andes s’étendent jusque là, et si les colonisateurs actuels possèdent des titres de propriété ; mais s’ils n’en ont pas et que cette terre appartienne encore à l’État, celui-ci doit profiter, le plus tôt possible, de ce délicieux morceau de terre, en le colonisant. La situation abritée permet une culture facile ; et les terres voisines peuvent être exploitées pour l’élevage des bestiaux, de manière que tout favoriserait le développement d’une colonie agricole pastorale près de Junin de los Andes et de Valdivia.

Les rochers des montagnes du sud sont surtout formés de gneiss et de granit, couronnés par des roches néoplutoniques, et elles offrent des paysages variés par suite de la décomposition du granit. Des ruisseaux descendent des hauteurs, formant de jolies cascades au milieu des cyprès élancés, et le bois devient plus touffu sur les versants. Nous dépassons le vieux fortin Maipu, aujourd’hui inutile, situé sur les bords de la rivière Loncohuchum, Calbuco ou Huechehuehum, autant de noms que porte la gaie rivière ; nous descendons à la seconde dépression, et au milieu des bois et de la flore la plus variée, nous atteignons les rancherias (cabanes) du cacique Curuhuinca.

Je n’avais pas connu Curuhuinca pendant mes visites de 1876 et de 1886. Lors de la première, il se trouvait sur le territoire chilien ; et à la seconde, ami des chrétiens comme il l’était, il n’avait pas voulu assister au parlement de Quemquemtreu où on me jugea comme ennemi des Mapuches. La rancheria était en apparence déserte, mais dans les huttes et sous la ramée du chef il y avait grand mouvement. Les vieilles femmes chantaient en ronde, et quelques jeunes gens groupés à l’entrée se