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l’ombre des pommiers, le détail des bois, des canaux naturels et des plantations dorées des rives du Chimehuin, joyau ignoré de la région andine. Le grand plateau qui s’étend au sud, à l’ouest et au nord-ouest a une physionomie glaciaire des plus accentuées, et me rappelle avec ses moraines la plaine que j’ai aperçue en 1880 à l’ouest de Quelajaguetre, sur l’affluent nord principal du Chubut, ici représente par le Rio Chimehuin. La dépression de l’arrière plan, que nous avions à l’ouest, et où nous devions rencontrer dans le courant de l’après-midi la vallée de Maipu et, à son extrémité, le lac Lacar, correspond à la vallée d’Epuyen du Sud.

Le Quilquihué coule sur le plateau dans l’ondulation formée par le large cours d’eau qui a précédé la rivière actuelle, et qui est limitée au nord par des coteaux morainiques plus ou moins élevés et étendus, recouverts de pâturages, et, dans ses dépressions, de bosquets qui accentuent davantage le caractère glaciaire. À l’horizon, un peu à l’ouest, nous apercevions la dépression occupée par le lac Lolog, à l’extrémité duquel débouche la rivière qui ne reçoit du nord aucun affluent d’importance, dépression allongée formée à l’est par des coteaux, puis par des montagnes peu élevées d’abord, mais dont l’altitude va en augmentant vers l’ouest jusqu’aux contreforts de l’axe longitudinal andin érodé.

Nous traversons le Quilquihué en un point où il descend de l’ouest-nord-ouest, et peu de temps après, nous commençons à nous rendre compte que la plaine glaciaire, à peine élevée de quelques dix mètres au-dessus du rio, dans sa partie la plus accentuée, forme un intéressant exemple du fameux divortium aquarum continental.

Ce point est digne d’attention, et je m’y arrête quelques heures. La plaine est, comme je l’ai dit, d’origine glaciaire, et je la considère comme exclusivement formée par une moraine secondaire dans une des extensions des glaciers qui occupèrent l’emplacement du lac Lolog et de la vallée de Maipu. Les empiètements et les retraites successifs des glaciers, et leur développement plus ou moins important, par suite de causes locales, ont modifié plusieurs fois les dépôts qu’ils laissèrent dans leurs mouvements, et les derniers de ceux-ci ont produit le phénomène cité. Si du chemin que nous prenons, nous faisions un petit détour de 300 mètres vers l’orient nous trouverions une petite dépression transversale, à peine sensible à l’ouest, mais limitée à l’est par des coteaux qui forment une moraine secondaire frontale. Au milieu de cette dépression ho-