Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 23 —

Dans les environs de Butamallin, nous établîmes ce soir-là notre campement. Cet endroit est dominé d’un côté par un pittoresque roc volcanique, enclos (corral) naturel vers lequel les indigènes et plus tard les gauchos chassaient les guanacos, aujourd’hui encore très abondants, afin qu’ils se précipitassent de la hauteur à pic, et leur fournissent une chasse facile et productive. Les hauteurs à forme dentelée et à teinte vive et le beau paysage font contraste avec les tristes terres jaunâtres du bas que nous venions de quitter, encore enveloppées dans la brume de la lagune, et les trompeuses silhouettes du mirage sur les vastes champs de sel. Le jour suivant, nous traversons le Portezuelo (col) de Loncoche, de 2030 mètres de haut, qui sépare les eaux qui coulent au nord et au sud, dominé par les hauteurs de Butamallin et Tronquimalal (2310 m.). Ce cordon apparent de chaînes qui se détachent de l’occident s’étend à l’orient en collines et côteaux qui, à mesure qu’ils se rapprochent de la plaine orientale, diminuent de hauteur, établissant la séparation de la dépression au nord du Malargué, et s’unissent, par des scories et de petits volcans, aux montagnes longitudinales du Nevado.

Entre le campement et le Portezuelo, on observe de caractéristiques moraines glaciaires, et au-dessous la roche néovolcanique qui recouvre les couches sédimentaires crétacées, lesquelles présentent de petites bandes noires avec des fragments de charbon. La campagne s’améliore à mesure qu’on avance au sud, malgré la hauteur, et la couche d’humus, que nous voyons pour la première fois, atteint en quelques points jusqu’à trois mètres, couronnée par de gaillardes cortaderas (gynerium) qui ont probablement produit ce fertile district. À l’ouest, les promontoires à pic du Cerro Butamallin sont traversés par des coulées de roches volcaniques, et une de celles-ci traverse verticalement les roches sédimentaires voisines du chemin. Comme l’Arroyo Loncoche court directement au nord, une fois passé le Portezuelo, nous rencontrons la rivière de l’Agua Votada qui se dirige directement au sud ; les couches crétacées sont inclinées vers l’ouest, et les terres sablonneuses rougeâtres présentent des caractères métamorphiques, probablement à cause du voisinage des grandes masses volcaniques.

La rivière de l’Agua Votada, en arrivant à Butalo, tourne à l’est par des terrains sablonneux, presque sans pâturage ; nous la traversons pour escalader les pentes brisées et nues qui laissent voir leur constitution géologique crétacée et les roches néovolcaniques noires jusqu’à atteindre le défilé dans la chaîne