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accompagné du colon Eduardo Jones, emmenant des bêtes de somme pour pouvoir avancer jusqu’au point où il avait passé à l’ouest, depuis le nord de Fta-Lafquen.

Les indiens racontent qu’autrefois on chassait des vaches sauvages dans ces contrées, et les traces déjà anciennes de grands incendies indiquent qu’elles furent autrefois habitées. Le bois de ces forêts n’est pas utilisable ; la plus grande partie des arbres étant vermoulus et tombant en pourriture ; il conviendrait donc de les brûler méthodiquement pour former des champs utiles.

Dans cette reconnaissance, Lange étudia le lac Situacion ; il vit la prolongation du lac Fta-Leufu, duquel le fleuve du même nom sort pour entrer par une vallée profonde dans le lac Situacion ; il put établir plusieurs stations topographiques et obtenir des photographies qui seront utilisées dans le plan détaillé. Au nord-ouest du lac Situacion, on voit une gorge large et étendue. De la colline de l’Alto del Ciprés, on jouit d’une vue magnifique, d’une hauteur perpendiculaire de quatre cents mètres et sur une corniche qui surplombe et ressemble à un énorme balcon. Au nord-est, s’élève l’abrupt cerro Situacion que les colons appellent poétiquement « Le trône des nuages » ; au nord-ouest, s’étend une série de monts neigeux en face de la vallée du Fta-Leufu et de son embouchure dans le lac. Le fleuve ressort au sud-est formant plusieurs rapides et s’élargissant jusqu’à quatre cents mètres ; dans le grand coude qu’il décrit à l’est, il reçoit les eaux réunies du Perzey et du Corintos ; au sud de cette confluence s’étend une belle plage herbeuse.

Le 11, Lange était de retour au Commissariat.

Les instructions qu’avait reçues Waag étaient les suivantes : Après avoir établi un campement à la confluence du rio Corintos et du Fta-Leufu, il tâcherait de naviguer sur ce dernier pour observer s’il se jette dans le rio Palena ou s’il descend directement au golfe de Corcovado. Si le Fta-Leufu était un affluent du Palena, il remonterait alors son cours en faisant le relevé du terrain parcouru depuis le point de départ, soit en bateau, soit à pied, jusqu’à la source du fleuve, où devait le rejoindre une expédition de secours qui devait s’organiser parmi le personnel subalterne à ses ordres. Si le FtaLeufu et le cours d’eau qui se jette dans le golfe du Corcovado, et qui porte aussi ce nom, se trouvaient n’être qu’un seul et même fleuve, et qu’il ne se rencontrât pas d’habitants dans