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antérieure, avant de dévier vers le Pacifique, et qui creusa cette vallée, fut aussi important que celui qui forma la vallée du Rio Negro.

Dans les environs de ce point appelé Capperr, se trouvait la fameuse pierre dont parle Musters, que je soupçonnais, d’après d’autres descriptions, être un météorite, et avais l’intention d’emporter pour les collections du Musée. Nous la trouvons à quelques vingt kilomètres de la tolderia, sur le plateau, au pied d’un buisson de Berberis, précisément le plus grand des environs. Peut-être les indiens ont-ils toujours respecté ce buisson dans les incendies qu’ils provoquaient si fréquemment, afin qu’il leur servit de point de repère pour retrouver la pierre mystérieuse. C’était, en effet, un beau météorite, du poids de cent quatorze kilogrammes. Comme il n’était pas possible de le charger sur une mule, je dus le laisser momentanément, envoyant plus tard à sa recherche un des charriots d’Arneberg. Ce météorite, qui présente à l’extérieur avec une netteté admirable les figures de Widenmanstätten sera l’objet d’une étude spéciale par une personne compétente (planche XXIV).

Musters dit dans son intéressant ouvrage : « … Dans le parage que les indiens appellent « Amakaken » se trouve un grand bloc sphéroidal de marbre que les indiens ont l’habitude de soulever pour éprouver leurs forces. Casimir me dit que cette pierre est là depuis bien des années, et que cette coutume est fort ancienne. Elle était si volumineuse et si pesante que je pus à peine la prendre dans les bras, et la soulever jusqu’à la hauteur des genoux ; mais quelques indiens pouvaient la soulever à la hauteur des épaules… » Il est singulier que le distingué explorateur ait pris ce météorite si caractéristique pour un morceau de marbre ; il est évident qu’il a fait cette confusion, car les indigènes ne mentionnent aucune autre pierre semblable.

Le lendemain, nous traversons ce plateau et arrivons à Barrancas Blancas, dans la vallée du rio Senguerr. Le plateau est plus élevé au sud qu’au nord, ou plutôt, dans cette direction, il n’existe pas de plateau bien défini ; on monte insensiblement à la pampa, depuis la vallée proprement dite. Quelques heures après, je rejoignis Arneberg et Koslowsky dans l’établissement de M. Antoine Steinfeld, ex-employé du Musée de La Plata, et actuellement éleveur du Senguerr.

L’exploration qu’ils avaient réalisée avait été profitable.

Le 26 février, ils arrivèrent au lac Fontana. Le jour suivant, ils essayèrent d’y naviguer dans l’embarcation amenée de Chu-