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ouverte à l’est et à l’ouest, dépression qui forme une vallée large, verdoyante, où paissent les troupeaux et dont nous ne pouvons distinguer l’extrémité occidentale, qui s’interne évidemment au milieu des montagnes plus au moins élevées qui précèdent les Andes de plus en plus neigeuses. C’est la vallée du Goichel, rivière considérable qui descend du Cerro Katterfeld, d’abord au sud-sud-est pour tourner ensuite brusquement à l’ouest-nord-ouest jusqu’aux montagnes.

Du promontoire volcanique qui, au nord, domine la vallée dans laquelle j’ai découvert un ancien cimetière indigène formé par une réunion de monticules de pierre, et dont je n’ai pu extraire qu’un crâne bien conservé et quelques pointes de flèches de pierre, on embrasse entièrement la région. Je recommande ce belvédère à ceux qui croient que l’Aysen a ses sources à l’intérieur de la Cordillère des Andes (planche XIX).

Ce n’est que la vaste plaine qu’on a devant soi, à peine limitée à l’est par de petites protubérances glaciaires, et dans laquelle on aperçoit encore le lit desséché du fleuve qui, à une époque relativement récente, recevait les eaux des lagunes de Coyet, encore existantes aujourd’hui, mais fort réduites, dans les plaines de l’est.

Les personnes qui connaissent la région comprise entre le Rio Colorado et le Rio Negro, dans la province de Buenos Aires, pourront se représenter la vallée de Coyet qui rappelle la partie située entre le Colorado et les Primeros Pozos, avec cette différence que la vallée patagonique est beaucoup plus herbeuse. Au sud de cette vallée, établissant la division des eaux interocéaniques, s’élève le plateau classique qui, avec une déclivité générale graduelle, s’étend d’un extrême à l’autre de la Patagonie, plateau toujours coupé par les dépressions transversales, dépressions qu’on pourrait appeler continentales, car elles paraissent traverser le continent.

Dans la vallée de Goichel, à peine séparée par quelques mètres de hauteur de la moitié orientale du Coyet, s’est établi un hardi colon de Chubut, Mr. Richards, dont les troupeaux prospèrent admirablement.

Le capitaine Simpson, commandant de la corvette chilienne « Chacabuco », pendant sa mémorable exploration de l’Aysen en 1870, laissa derrière lui la Cordillère des Andes, comme il le décrit en ces termes :

« 19 décembre (1871). — Temps pluvieux. — À trois milles de notre campement, nous arrivons à un point plus escarpé que les antérieurs, où nous montons à grand peine, nous accro-