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VII

PRÈS DU CRIME


Le mot million faisait rêver Dolbret. Stenson, lui, restait plutôt calme ; il appartenait à cette race forte qui doit son succès à l’effort sans cesse renouvelé et ne l’attend pas des coups du hasard. Il avait appris, dès son enfance, à se conduire d’après ces principes. Pour lui, un coup manqué ce n’était pas une espérance déçue mais un acheminement vers le but, ce n’était qu’un incident désagréable mais utile. Cette éducation se reflétait dans toutes ses actions, dans toutes ses paroles et c’est ce qui explique pourquoi le jeune homme avait offert si généreusement ses services à Dolbret. Le temps lui importait peu ; réussir aujourd’hui, c’était fort bien ; réussir demain, plus tard, c’était aussi bien, peut-être mieux ; la fortune ainsi gagnée serait plus solide. Quant à Wigelius l’argent ne l’occupait pas du tout. Dolbret comprit cette indifférence quand, au cours d’une de leurs longues causeries du soir, dans la buvette, entre les verres de Bass et les pipes, le Finlandais lui confia qu’il possédait dans le nord de son pays une étendue de terrains à bois de pulpe dont il ne connaissait seulement pas la superficie ; qu’il était propriétaire d’au moins cinquante chutes d’eau pouvant toutes être exploitées et produire l’énergie électrique ; qu’en outre il avait trente maisons de rapport dans le quartier le plus