Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 77 —

— Vous êtes trop renseigné, monsieur, sur ce qui regarde les autres, cela ne vous paiera pas.

— Mais se ressaisissant, il eut conscience de s’être mis à découvert et il réussit à sourire, en ajoutant :

— Je comprends ; quand on fait naufrage, on ne pense pas à prendre de l’argent avec soi.

Puis il s’en alla. Pierre Dolbret s’était emporté et il le regretta à ce moment même ; mais une fois le Dean partit, il fut content de ce qu’il avait fait. Il se disait : « Ma réponse l’a complètement déferré ; c’est certainement Morton ; j’irai jusqu’au fond de cette affaire. » En ce moment le gong annonçait le lunch. Miss Mortimer passa accompagnée de l’évêque ; elle fit un signe d’intelligence à Pierre.

« Bon ! se dit ce dernier, tout va bien ; voilà maintenant cette délicieuse créature qui essaie de sonder l’évêque. Il ne faut pas que nous soyons trop de monde tout de même, closons la liste des invités. »

Après le lunch, la jeune fille vint lui parler. Ils se mirent à l’écart, en avant de la dunette.

— Eh ! bien, qu’est-ce qui arrive ? demanda Pierre.

— Il arrive que le Dean lit sa bible.

— C’est tout naturel pour un Dean, et vraiment j’en suis désappointé, car je commençais à tenir à mon faux Dean.

— À moins que ce ne soit la bible qui soit fausse.

— Mais dites-donc, mademoiselle, est-ce pour me dire cela que vous m’avez amené ici ?

— Oui.