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sous prétexte de nous expliquer le menu, il pourra nous conter ce qui nous intéresse.

— C’est entendu, dirent les deux hommes ; à ce soir.

— À ce soir.

Tous ces faits nouveaux qui se groupaient petit à petit intriguaient Pierre au plus haut degré. Il se sentait heureux d’avoir acquis si vite la confiance et l’appui de deux hommes comme Stenson et Wigelius. Le premier représentait pour lui le conseil sage et tranquille, d’une extrême utilité dans les circonstances les plus difficiles ; quant à l’autre, l’homme nuageux du nord, c’était la force qui ne raisonne pas, mais qui obéit avec confiance, sans discussion. Avec ces deux éléments, Dolbret pouvait faire de bonnes choses, s’il parvenait à trouver — et c’était là sa part à lui — le nœud du mystère. Un nouveau personnage lui avait été indiqué maintenant par le soldat Labbé, c’était le Japonais Natsé. Natsé était-il un ami, un ennemi ? fallait-il le craindre ? pouvait-on se l’attacher ? Toutes questions que Dolbret roulait dans sa tête sans interruption. Il n’y avait pas de repos possible pour lui ; impossible de prendre part aux jeux qu’il aimait d’ordinaire ; impossible de s’asseoir tranquillement et de regarder filer le bateau. Il marchait fiévreusement pendant-quelques minutes puis s’arrêtait et restait immobile, le regard perdu dans le lointain — du moins apparemment —, mais en réalité, suivant attentivement tous les mouvements du Dean, d’Ascot et de son compagnon. Ce changement dans ses habitudes frappait tout le monde, si bien que la question habituelle « Are you seasick » (avez-vous le mal