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lai donc dans son verre une goutte de laudanum. Je me disais : « Pourvu que je le livre à mon Norvégien, c’est tout ce qu’il me faut. » Mais j’avais mis la dose trop forte. Deux secondes plus tard, j’essayai de l’entraîner vers les quais du bassin, mais je ne pus même pas l’amener assez loin pour le mettre en voiture. Alors, plutôt que de l’emporter dans mes bras, je le jetai au hasard dans un coin du « Sardinian » et je m’en allai tout simplement boire un coup.

— Et le « Sardinian » partit… ?

— Pour l’Afrique-sud.

— Évidemment, le docteur est condamné à aller en Afrique.

— Hum ! je ne sais pas trop.

— Comment ?

— Voici : s’il ne se doute de rien, tout ira bien ; mais s’il me reconnaît, les choses pourraient bien se passer d’une autre façon.

— De quelle façon ?

— S’il me reconnaît, il va certainement me dénoncer.

— Encore, si vous n’aviez pas eu l’idée de vous déguiser en « clergyman ». Je m’y opposais, comme vous savez.

— Oui, Bill je sais tout ça, mais je sais aussi que, sans déguisement, nous n’aurions jamais pu nous embarquer à Boston, et ce n’est pas avant un mois que nous aurions pu prendre un autre bateau pour l’Afrique. Je disais donc que, s’il me reconnaît, il va me dénoncer ; il va dire que je suis un faux prêtre, un racoleur et le reste. Alors comme je ne veux pas qu’il me dénonce…

— Eh ! bien ?