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tion, s’excuser, tâcher de se faire pardonner. Tout cela serait dur, et, par moments, il se demandait s’il ne devait pas s’engager et aller en Afrique. Du reste, n’entraînait-il pas Labbé dans une aventure dont les suites pouvaient être fatales ? Un scrupule le prit et il offrit au matelot de changer leurs plans. Mais P’tit-homme, dont le cœur était en fête à l’idée de revoir la « bonne femme, » comme il l’appelait, persista et menaça de s’en aller tout seul si le « docteur » n’avait pas le courage de le suivre. Il n’en fallait pas plus pour ancrer Dolbret dans sa détermination ; jamais il n’aurait voulu paraître manquer de courage, surtout devant cet homme pour qui il avait toujours été un être supérieur. La fuite fut donc ruminée toute l’après-midi et tout fut prévu. Comme rien n’était encore bien organisé à bord, on ne les dérangea pas et ils purent causer à leur aise. Le vent était toujours à l’est, tout allait bien. Vers cinq heures, P’tit-homme vint, tout effaré, trouver Dolbret et lui dit :

— Il y a une autre chaloupe dans celle que nous avons visitée, nous ne pourrons jamais mettre les deux à l’eau.

— J’y vais, répondit Dolbret.

Un instant après il revint, tout souriant, dire à Labbé :

— Tu as raison, et je suis bien content que ce soit plutôt comme cela qu’autrement. Nous n’aurions jamais pu mettre la grosse chaloupe à l’eau, tandis que la petite sera facile à descendre ; il n’y a rien qui la retienne à l’autre, nous n’aurons qu’à la laisser glisser,

— Mais il faudra une amarre.