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ner au pays, tu verras si je t’ai menti. Maintenant, assez de tristesse, soyons de bonne humeur.

— Ah ! terrinée de bluets, j’aime mieux ça ; vous commenciez à me faire penser au temps où vous étudiiez pour être prêtre ; moi les sermons, vous savez…

— Bien, c’est fini. À ce soir, et faisons comme si rien n’était.

— C’est entendu.

— Un mot encore. J’ai reçu un conseil, je m’en vais t’en donner un, moi aussi. Si jamais tu as une lettre de recommandation pour quelqu’un, prends bien la précaution de la lire avant de la remettre à destination.

— Compris ; du reste je ne sais pas lire.

— C’est encore mieux. À ce soir, le lieutenant t’appelle.

— À ce soir.


IV

DE L’UTILITÉ D’UN VERRE D’EAU DANS UNE TEMPÊTE


Il pouvait être midi lorsque les deux amis s’étaient donné rendez-vous. En attendant l’heure de la fuite, P’tit-homme se promenait les mains dans les poches, le nez au vent, sans s’occuper des quolibets et des rires provoqués par ses vieux souliers, son pantalon trop court, ses jambes cambrées et son mufle développé comme à plaisir au dépens du reste du visage. Quand il était serré de trop près ou lorsque, à son humble avis, une réponse de sa part était nécessaire pour l’honneur de la race, il donnait une rude poussée ou un bon coup de