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Je n’entends parler que de cette « presse » ; mais, vous savez, je n’en crois pas un mot.

Et il se mit à rire par petites secousses.

— Voyez le commandant, ajouta-t-il, je n’y peux rien, je ne m’occupe pas des uniformes.

— C’est que, reprit Pierre, je ne suis pas engagé, et que je ne veux pas m’engager.

— Eh ! bien alors, que faites-vous ici ?

— J’y ai été amené malgré moi…

— Oui, je comprends, reprit le capitaine en riant ; malgré vous, malgré vous…

— Monsieur, reprit Pierre, je vois ce que vous voulez dire. Je vous jure que j’ai été amené ici malgré ma volonté.

— Ah ! Ah ! on connaît ça, on connaît ça, mon garçon. Vous voulez débarquer, alors ?

— Oui, accordez-moi cette faveur.

— Venez avec moi.

Pierre le suivit, ils sortirent sur le pont. La mer s’étendait à perte de vue. Pierre pensait : « Il va intercéder pour moi auprès du commandant ; je pourrai me vanter de l’avoir échappé belle. »

Le capitaine le prit par le bras, et lui montrant la mer :

— Vous voyez de ce côté-ci ?

— Oui.

— Puis de ce côté-ci ?

— Oui.

— Et vous voyez de tous les côtés, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Si vous pouvez m’indiquer, d’un côté ou de l’autre, un endroit où débarquer, foi de capitaine, je vous débarque tout de suite. Et il partit à rire bruyamment en s’en retournant chez lui.