ÉPILOGUE
Une semaine après cette nuit terrible, Dolbret et Wigelius étaient à causer dans un des salons particuliers de leur hôtel, à Kimberley.
Un Cafre apporta deux lettres sur un plateau. Pierre ne les regarda même pas.
— Vous ne lisez pas vos lettres ? demanda Wigelius.
— Non, je n’en ai pas le courage, mon ami ; depuis hier, je suis d’une tristesse qui m’étreint et ne me fait pas grâce un instant.
— Le changement de vie vous fera du bien.
— Je me demande si jamais rien pourra me faire oublier le dernier mot de notre ami et le dernier regard de ce pauvre P’tit-homme. Pauvre garçon, si bon et si dévoué !
— Vous deviez me raconter sa mort.
— Oui, je vous l’ai promis.
— Je ne vous le demande pas tout de suite ; quand vous serez guéri.
— Ah ! il vaut mieux que ce soit maintenant ; peut-être cela me fera-t-il du bien d’en parler.
Vous savez pourquoi Frascani disparut tout à coup, en arrivant à Durban.
— Mais qu’est-il devenu, Frascani ?
— Horner, après s’en être servi contre nous, lui a déclaré qu’il ne l’emmenait plus avec lui, que ses indiscrétions avaient compromis le succès de l’expédition, et qu’il eût à se tenir au large.
Donc P’tit-homme, afin de provoquer les confidences de Frascani, lui en avait fait quelques-unes ; entre autres, il avait eu l’imprudence de lui avouer qu’il était déserteur. Un fois en possession de ce